Je voulais vous citer quelques passages de ce merveilleux livre, mais dans ce chapitre, il n'y a rien à jeter, tout est dit. Je vous le livre (presque) tel quel et si vous en avez l'envie, lisez le livre en entier, c'est une pépite.
"Luis Ansa: La voie du sentir" Enseignements réunis par Robert Eymeri.
Il faut juste savoir que c'est une retranscription écrite de discussions faites à l'oral. Donc cela part un peu dans tous les sens et il faut absolument lire la totalité du texte pour saisir avec justesse l'idée que transmet Luis Ansa dans ce récit sur le féminin.
"J'ai de l'espoir dans le monde féminin. Il peut jouer un rôle fondamental dans cette planète si la femme est capable de mettre de côté toutes les actions négatives qu'à faites l'homme, si elle arrive à se dégager de son esprit de vengeance et de revendication, et si elle peut également regarder son royaume féminin qui a été dévasté(...).Il faut que les femmes arrêtent de vivre par procuration, il faut qu'elles sortent de la dépendance à cet état. Il existe une force gigantesque qui, si elle est dirigée d'une façon aimable et non-violente, peut récupérer, réanimer l'être humain et cicatriser l'énorme blessure qu'il porte et dont la planète souffre. Cette blessure, c'est celle d'avoir été privée, depuis très longtemps, de cette force que l'on appelle l'amour. Il ne s'agit pas de l'amour "je t'aime, tu m'aimes", je parle de cette force de dilatation immense qui peut vaincre tous les obstacles. On utilise pas l'amour, on utilise ses dérivés: la séduction, les combines, la drague...Mais l'amour est une force colossale que seule la femme peut contacter réellement. L'homme, lui, peut s'en approcher à travers certaines choses, comme l'art, mais il n'est pas constitué pour aimer.(...)
Quand j'ai su, en tant qu'homme, que ma partie masculine ne pouvait pas aimer, j'ai été soulagé parce que je lui demandais de faire ce qu'elle ne pouvait pas faire et que seule ma partie féminine pouvait faire. On ne peut pas manger de la soupe avec un stylo, un stylo sert à écrire ! La partie masculine n'est ni mauvaise, ni bonne, elle est ce qu'elle est. Elle exécute, elle structure, elle matérialise les choses. Elle a donc une fonction qui est autre que celle de savoir aimer. Par contre, la partie féminine peut aimer.
La partie féminine, quand elle aime, ne possède pas, elle enveloppe, couvre, protège, sert, donne et s’efface. Elle ensemence d'amour le corps de l'autre, que ce soit un homme ou une femme.
Lorsque l'on aborde cet aspect duel de l'être humain, il ne faut surtout pas oublier que l'homme et la femme sont constitués chacun d'une partie masculine et féminine. De même, lorsque je fais des généralités sur les hommes, je parle en même temps du fonctionnement du cerveau gauche, parce que l'homme utilise exclusivement cette partie de son cerveau.(...)
Une grande différence entre le masculin et le féminin concerne l'espace. L'homme se sert de l'espace pour faire, alors que la femme a besoin d'espace pour exister. L'homme manipule l'espace mais la femme est l'espace, c'est-à-dire qu'elle l'occupe par sa dilatation. L'espace est une nécessité absolue du féminin. C'est pour cela que l'intrusion ou le manque d'espace est insupportable pour une femme. Un couple est constamment confronté à cet aspect dans la vie quotidienne.
L'espace masculin ressemble à un territoire avec des frontières alors que l'espace féminin est plus souple, elle est capable de jouer avec lui. J'ai remarqué que lorsque je suis dans mon masculin, l'espace passe par mes yeux et je veux l'occuper. Par contre, lorsque je suis dans mon féminin, j'appréhende l'espace par la sensation. Faites des expériences avec l'espace, vous allez voir, c'est extraordinaire !
Pour revenir à l'homme, une de ses particularités est de créer sans cesse des rapports de force. Voyez comment ce besoin de domination l'a amené à occuper l'espace psychologique, émotionnel et physique de la femme.(..)
En fait, l'homme n'est pas préoccupé par son humanité, il est préoccupé par le pouvoir qu'il peut avoir sur les autres à travers la connaissance, la rigueur, la force, la violence, les conquêtes, le viol...Il veut avoir un pouvoir souverain. C'est pour cela que pratiquement tous les dictateurs sont des hommes. Ici, on atteint une zone du masculin qui est d'une grande puanteur.
Son principal esclavage vient du fait qu'il veut devenir quelqu'un. L'homme a peur de perdre son honorabilité, son nom, sa renommée ;il a peur de ne pas laisser de trace. Or, pour accéder à un autre plan, l'homme doit renoncer à son pouvoir, à la certitude d'être quelqu'un. Et dans cette renonciation se trouve pour lui une véritable clef de connaissance.
Le féminin, c'est un autre monde. Un monde qui n'a rien à voir avec celui-là. En fait, le cerveau ne peut pas capter la rondeur illimitée du monde féminin. La femme est différente de l'homme par sa forme et par son contenu. Le féminin est tout accueil, captation, intériorisation, résonance.
La pensée de la femme a un corps. C'est une pensée biologique, corporelle et sensitive. L'homme, lui, pense avec sa tête, il a une pensée inductive, déductive, rationnelle, logique, analytique. C'est ce qui fait que l'homme parle de ce qu'il pense alors que la femme parle de ce qu'elle ressent. Pour écouter ce ce que l'autre ressent, il faut l'écouter avec son corps. La pensée féminine est issue d'une captation et d'une aimantation, et c'est pour cela qu'elle est créative, parce qu’en captant, elle devient féconde.On pourrait dire que la femme est comme une sphère, elle n'a ni commencement, ni fin, tandis que l'homme est linéaire, il a une direction, un but. La femme contient son propre creux, sa propre concavité, comme une parabole qui capte, féconde, engendre.(...)
La différence qui est peut-être la plus significative entre l'homme et la femme, c'est que la femme est organisée, par le système énergétique de l'univers, pour pouvoir aimer. Pour cette raison, la femme a besoin d'aimer et d'être aimée. Mais si elle veut être aimée, elle n'a pas compté avec le fait que l'homme ne peut pas aimer.
Je vous parle bien sûr d'une façon très caricaturale pour tracer les grandes lignes!(...)
La partie féminine de l'homme peut avoir une sensibilité aussi grande que celle de la femme, c'est pour cela que Léonard de Vinci, Bach ou Chopin ont fait des œuvres extraordinaires.
La femme a besoin d'être aimée. Cela ne veut pas dire "être pelotée". Être aimée, pour elle, implique beaucoup de choses qui commence par la protection, par l'attention, la sollicitude, la courtoisie, la délicatesse des rapports, la délicatesse des sentiments.
(...)L'homme a besoin de développer ses corps subtils. Et pour les développer, il faut qu'il les nourrisse. Mais ces corps ne mangent pas de patates !
La femme, par contre, n'a pas besoin de développer ces corps, ils sont déjà là. Pour entrer dans son mystère, elle n'a pas besoin de faire d'efforts. Elle pourrait aller encore plus loin, mais elle a peur d'avoir son expression à elle. Il faudrait, par exemple, qu'elle utilise davantage ses corps subtils. La femme a non seulement un pouvoir libérateur, mais elle a aussi un pouvoir initiatique pour l'homme.(...)
Si l'homme n'a pas peur de plonger dans le monde sensitif qu'il a à l'intérieur de lui-même, il peut faire des découvertes colossales qui pourront même servir au monde féminin. L'homme a une capacité d’exécution extraordinaire qui peut aider la femme à ériger sa propre pensée.
Actuellement, le masculin s'est approprié tous les champs de la pensée, il ne laisse aucune place pour que le féminin pense par lui-même. Cela a des conséquences, bien sûr, car lorsque je suis dans cette pensée masculine, déductive et associative, je suis dans la personnalité, et ma personnalité ne veut pas entendre parler de l'essence. Par contre, lorsque je me mets dans une qualité d'écoute féminine, je me mets dans une pensée qui touche le plan de l'émotionnel supérieur de l'être humain. C'est pour cela qu'il faut développer le féminin, pour accéder à un autre regard, un regard dans lequel tout se dilate, un regard qui est très très vaste.(...)
Une des premières choses que l'homme peut faire pour développer son féminin, c'est de contempler la femme, de pouvoir la contempler sans la désirer. Mais quand je dis cela, je ne parle pas d'exclure le désir de cette contemplation, je parle d'apprendre à contempler la femme sans l'enfermer dans un regard sexuel possessif. Commencez à contempler la beauté de la femme, à vous ouvrir à sa sensibilité qui ne possède pas, mais qui offre sans cesse.
Mon vœu le plus profond, c'est que la femme puisse faire émerger un autre type de pensée que celui que nous connaissons. Car aujourd'hui encore, il n'y a toujours qu'une seule pensée qui domine sur cette planète, c'est celle des hommes. Comme le patriarcat a tué le féminin, chez la femme comme chez l'homme, la partie féminine qui a existé, a presque disparu. On a aujourd'hui des corps bien maquillés, bien habillés, on a une sexualité qui s'est introduite partout pour vendre des yaourts, mais le résultat est assez tristounet.
La partie féminine ne peut apparaître que très très doucement, c'est un éveil.(...)Si le masculin ne recule pas, le féminin ne peut pas sortir. C'est biologique. Ce n'est pas que le masculin soit mauvais, c'est qu'il y a une partie de la nature qui a besoin de silence, de calme,de la suspension de toute agitation, de toute puissance, pour pouvoir se manifester. C'est simplement cela.
Les hommes vont devoir faire un sacré effort, mais les femmes aussi, parce qu’elles sont devenues trop masculines. C'est le résultat de siècles et de siècles de conditionnement masculin, parce que les femmes ont été conditionnées par une pensée et une éducation masculines qui leur ont été imposées. Elles ont également perdu le contact avec leur féminin parce qu’on a voulu en faire des servantes muettes. Sois belle et tais-toi !Ainsi, le féminin a reculé, reculé, reculé...
(...)
Aujourd'hui, dans ce troisième millénaire, la femme n'a toujours pas d'espace physique, psychologique et émotionnel.(...)La résurrection de la femme va donc être difficile, parce qu’elle doit récupérer sa dignité, ses valeurs, sa parole, sa pensée, ses émotions et sa mémoire. Alors devenez femme, vous les femmes !(...)Faites ce que vous avez à faire, sans justification.
Libérez-vous, non pas de l'homme charnel, libérez vous de ce masculin qui a imposé un mode de pensée et un mode d'être. Mais aussi longtemps que vous lutterez contre la pensée masculine, vous la nourrirez en vous. La pensée féminine est issue d'une aimantation, d'une captation est non d'une lutte.
La femme est la représentation du divin dans la matière. C'est-à-dire qu'elle incarne la descente la plus profonde du mystère divin dans un corps. Un corps qui possède des ovaires, des seins et toute une créativité spécifique. Que la femme enfante ou qu'elle n'enfante pas, elle représente le mystère de la vie. Même si elle ne fait pas d'enfants, elle est la représentation la plus banale, la plus évidente de ce mystère de l'incarnation.
La matière est l'incarnation la plus dense de la force de l'esprit, et l'esprit est l'élévation la plus grande de la matière. La femme a ces deux principes en elle. Elle a l’esprit divin à l'intérieur et le pouvoir de matérialité dans son corps.Et cela, l'homme l'a senti et ne l'a pas supporté.
Finalement, l'homme a tué Dieu, il l'a jeté dehors. Ok, pourquoi pas !Il s'est libéré de Dieu, mais il a aussi tué la femme. Il l'a mise à son service. Ou c'est sa mère, ou c'est la mère de ses enfants, ou c'est sa maîtresse, mais dans tous les cas elle est à son service. C'est là le nœud le plus problématique de l'homme.
(...)Durant les derniers siècles, on peut dire que ce sont les hommes qui ont fait le plus de découvertes, mais c'est uniquement dû au fait que les femmes n'avaient plus accès à l'éducation. D'ici deux ou trois générations, ce sont probablement les femmes qui vont faire le plus de découvertes scientifiques, parce que leur capacité de créativité est vraiment très grande.
La femme a besoin d'exister en tant que telle à l'intérieur d'elle-même et à l'extérieur d'elle-même. Sinon, elle est un mystère muet, un mystère qui ne s’énonce pas. Et là, il y a un manque, un véritable manque.
Moi, j'ai besoin de la parole de la femme."
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